dimanche 16 juin 2013

Rose Cardinal de Richelieu

"Doucement, très doucement, elle tire la porte derrière elle. Sur la pointe des pieds, elle traverse le patio immobile dans le clair-obscur.
Instants volés de ses rencontres secrètes avec la mer.
Tout de suite, dans l’air qu’elle respire, le bonheur. Un bonheur tout rose, avec de petits nuages blancs qui courent, là-bas, au ras des collines sombres.
Debout sur la première marche, elle se laisse d’abord pénétrer par le flux des sensations qui affleurent sur sa peau en un lent frissonnement.
Il suffit de descendre pour retrouver la plage.
Le sable sous ses pieds nus se dérobe en un picotement subtil tandis qu’elle avance sur le rivage désert aux couleurs incertaines.
Devant elle, la mer encore embrumée retrouve presque timidement ses marques, se dégage difficilement des bras de la nuit.
Nadia avance. Elle salue le jour naissant comme au commencement du monde. Elle est seule. Plus seule et plus libre qu’elle ne l’a jamais été. Et elle court maintenant, les bras étendus,rêve d’oiseau qui fendrait l’espace sans que rien ni personne ne puisse le retenir. Ses cheveux dénoués volent autour d’elle, viennent gifler son visage offert. Le bas de sa jupe, mouillé par le frôlement blanc des vagues, se fait lourd, entrave sa course folle. Encore, encore un peu plus loin ! Jusqu’aux rochers ! Jusqu’aux frontières du raisonnable, là où se brisent tous les élans ! Elle ne peut pas aller plus loin." 
Au commencement était la mer, Maïssa Bey 

Ces quelques lignes m'ont incitées à voir par là! La découverte fut belle.

Au commencement était la liberté. Mais c'était sans compter sur ce besoin viscéral d'asservir, le moteur impitoyable d'une partie de l'humanité...

Fort, désespérant, bouleversant.
 

18 commentaires:

  1. Voila une auteure que je ne connais point mais cet extrait promet déjà une écriture qui me sonne comme une jolie mélodie de la mer et de liberté...
    Ma photo de la semaine que j'ai prise du ferry qui me menait en Angleterre pourrait illustrer ton propos...
    Mais tu dis que c'est bouleversant désespérant... Tu m'intrigues, je vais le lire, c'est sûr !
    Tes suggestions de lecture me plaisent souvent pour ne pas dire toujours!!!!
    Ta rose "Richelieu" est bien belle...
    Très bonne semaine à toi !
    Bises

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est joliment écrit mais le thème est grave...et ne peut que nous toucher!
      Les roses pourpres sont aussi belles que difficiles à photographier!
      Dis, tu voyages sans arrêt, as-tu encore le temps de te poser?
      Belle semaine
      Bises

      Supprimer
  2. Aïe... je veux bien être portée, "fortée", bouleversée, mais sûrement pas désespérée. Ah non hein ! Tout doux le dernier mois de l'année (je fais partie de ceux dont l'année s'achève l'été et renaît en septembre).

    Sinon, je la trouve rudement épanouie cette rose-là ;-)
    ET J'IRAIS BIEN MOI AUSSI COURIR SUR LA PLAGE LES BRAS ECARTES ET LE FOND DE LA JUPE PLOMBE. Mais non, je suis au travail. C'est comme ça, parfois, ma vie...

    Je ne connais pas Maïssa Bey moi non plus. Et la suite du livre ? Elle est heureuse de vivre, d'être là, elle planifie sa journée ? Ou elle fuit quelque chose ? C'est le début, le milieu, ou la dernière page, ton extrait ?
    Ah ah, c'est que... ça change tout !

    (je lis actuellement d'Alice Freney "Cherchez la femme" ; c'est rudemenet bien et ça fait un réfléchir, cette influence qu'ont les mères sur les vies des descendants) (ma phrase est à peine compréhensible non ?).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah je confirme, sous une écriture délicate, elle raconte une histoire terrible que l'on devine par sa précision et sa justesse, loin d'être imaginaire.
      Ce livre a été publié en 2007 et c'est une amie qui me l'a prêté sinon je serais passée à côté. Même si je n'aime pas la brutalité, l'obscurantisme, je suis contente, presque fière de l'avoir lu.
      Tout nous ramène à la mer ou à la mère. Faut que je lise ça, l'influence de la mère sur sa descendance...visible dès la première génération ou les suivantes? Quoique je me dis souvent que je devrais arrêter de réfléchir et moutonner en contemplant les petits nuages roses dans le ciel...j'adorerais. Ceci dit, j'adore savoir ce que tu lis, ça m'a manqué.

      Supprimer
  3. (Ferney et pas Freney of course)
    http://www.actes-sud.fr/alice-ferney-cherchez-la-femme

    Ca m'étonne toujours comme, dans les critiques, je ne retrouve pas toujours le livre que moi je lis... L'un y verra une facette qui m'aura totalement échappé, l'autre décrira en deux lignes lapidaires ce qui m'aura soulevée durant 250 pages, le dernier relate avec enthousiasme une histoire qui m'a plombée... Parfois je revérifie le titre pour savoir si, tous, on parle bien du même livre ;-))
    Ce sont encore les critiques d'internautes (non-professionnels donc) qui me parlent le plus !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'adore! C'est très vrai! Rien que la 4eme de couverture, l'envie passe souvent très vite! Mais c'est compliqué de partager sans dévoiler...

      Supprimer
  4. je suis heureuse de retrouver la jolie brise de tes mots, de tes photos
    à très bientot

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai le même plaisir à te retrouver! Comme si le temps s'était arrêté, juste un petit instant!
      Bises

      Supprimer
  5. Il y a un petit poème sur la mer de José Emilio Pacheco (poète mexicain) auquel je suis très attachée :
    "Mar Eterno
    Digamos que no tiene comienzo el mar.
    Empieza donde lo hallas por vez primera
    y te sale al encuentro por todas partes.

    Mer éternelle
    Nous disons que la mer n’a pas de commencement
    Elle commence là où tu la rencontres pour la première fois
    Et vient de tous côtés à ta rencontre.



    C'est exactement l'impression que je ressens à chaque fois que je contemple la mer. Bon été Léna, entourée de ces magnifiques roses et bonnes lectures aussi :-)



    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Des mots si beaux qu'on voudrait les embrasser, mais qu'on va garder dans un repli de la mémoire pour se laisser porter et s'élever...
      Bel été à vous La Sudiste

      Supprimer
  6. bonjour
    un peu de beauté , saupoudré de poésie
    tout ce que j'aime
    non il ne faut pas décrire un livre , juste inciter à la lecture
    d'ailleurs , je ne lis jamais le dos d'une couverture , en 3 mots , ils nous résume le livre
    toute la magie est perdue
    je te donne le lien de mon autre blog qui est essentiellement sur les auteurs que j'ai lu
    et que j'aime
    à bientôt
    edith (iris)

    http://irisombreetlumiere.blogspot.com

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Édith,
      Vous nous emmenez dans une époque littéraire des plus romantiques, au sens noble! J'aime beaucoup et viendrais avec plaisir.
      Bonne semaine

      Supprimer
  7. quel plaisir de vous retrouver!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Anna!
      J'ai tout autant de plaisir à vous retrouver.
      Belle fin de semaine

      Supprimer
  8. J'ai lu (dévoré devrais-je dire) ce petit morceau de la vie de Nadia. J'avais été bouleversée.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mon Ariane, je n'avais pas lu ton commentaire, désolée! mais ravie par ce que tu dis, je pensais que ce livre était passé inaperçu.
      Bonnes vacances

      Supprimer
  9. Je l'ai lu, le sort des femmes, des filles n'est pas réjouissant mais quelle courage de conserver son intégrité, son espoir, son moi malgré tout ! Une belle écriture comme je les aime, simple mais tellement poétique !!!
    Merci d'avoir partager ton ressenti... J'aime tes lectures et surtout comment tu les racontes !!!
    A bientôt !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Enitram, tu es très sympa, je suis ravie de partager et le web est parfait pour cela, on découvre tant les uns des autres. Faut juste du temps...ça viendra...mais cela me semble encore si loin...
      Bonne semaine

      Supprimer